Profil de Olaria pour The Witch Slay

Chapitre 1
Les Enfants du Ciel



Le temps, l'ami si infidèle qui va et qui vient bien trop vite lorsqu'il est déconseiller d'accélérer les secondes, et qui semble s'allonger lorsque les minutes se font trop longues, avait lui aussi embrassé Constance Edelgard. Cette vie quelle menait, ses caprices et son quotidien, avaient été longs. De profonds jours qu'ils soient pluvieux ou froids, animés par des rubis, des escarpins dorés et des étoles en soie. Les épices qui parfumaient des poudres dans des écrins, un pour chaque jour de l'année...

Les caprices de Constance avaient été nombreux, et toujours, toujours, assouvis. Des désirs simples, égaux à toute femme, des envies de pureté, de sagesse, de beauté. Les bijoux, les tissus, les objets précieux, quoi de plus naturel, de plus simple, de plus vital ? Alors, il fut tout naturel de saisir l'occasion de se trouver un nouveau terrain à l'étendue déjà bien large de ses souhaits.

Le jour pluvieux qui annonça l'arrivée de Christian Stue, Inquisiteur de son état, fut une soirée que Constance n'oubliera sans doute pas tout de suite. La perspective de se voir confier la charge d'être une hôtesse parfaite la réjouissait, car cela modifiait étonnement son habituel quotidien, oppressant et banal. Car il y a avec des parures qui ne pouvaient pas faire briller aussi loin qu'on l'aurait voulu. Et certaines, qui paraissent banale au premier regard, s'avèrent porter bien plus loin que l'horizon... Ce fut sans doute alors que s'insinuait en la Duchesse un sentiment qu'elle connaissait bien, qu'elle se rendit compte qu'il y avait en Christian Stue, une formidable opportunité : un défi, un jeu et un nouveau caprice, déjà, la jeune femme abattait ses cartes.

Et ce fut comme immédiat, comme instantané. Les regards ou les gestes, tout n'était que prétexte à de nouvelles embuscades perfides, à des stratégies infernales, et Dieu sait comme Constance Edelgard aime s'amuser ainsi. Un boudoir, un jardin ou une chambre à coucher, et déjà les peaux se frôlaient, les lèvres se tendaient sans jamais se toucher. Comme toute bataille, la lutte fut acharnée et délicate, tacticienne plutôt excessive, Constance fit montre de son immense potentiel pour ce qui est de blesser l'adversaire, diplomate mais instinctive. La mise à mort fut lente et délicieuse, et, enfin, comme le Torero s'éprend de sa victime, ce que Dieu reniait advint.

Baisers échangés, caresses, désirs brûlants... Pouvait-on croire que ce jeune couple soit seulement amant ? Quelques jours avaient suffit à se détester et s'aimer, dans un mélange houleux et entier, sans demi mesure, sachant à la fois déchirer et panser les blessures administrées par cette guerre.

Une page se tournait cependant. Quel stratagème avait-elle imaginer, afin de ne point se compromettre, en laissant domestiques ou Duc découvrir quelle infamie elle déployait avec l'Inquisiteur. En pleine nuit, elle incita le jeune homme à s'enfuir, prétextant quelques outrages, et durant plusieurs mois, Christian et Constance ne purent oublier le goût de ces baisers.