Il y a un an, je vous donnais mon avis sur les jeux Facebook, dont j'avais testé un certain nombre. En janvier 2012, les choses ont-elles évolué ?

Ces jeux dits "social games" se sont multipliés. Il est donc difficile d'être un connaisseur de tous les jeux Facebook. On n'a souvent aucune idée de tous les jeux qu'on peut y trouver, c'est devenu assez varié, et beaucoup d'éditeurs se sont jetés sur cette poule aux oeufs d'or (ou supposée telle). Beaucoup de clones de jeux entre eux (jeux d'élevage, d'objets cachés, de combats de monstres type Pokemon... ), beaucoup de vieux types de jeux ressortis des archives, et relookés (casse-briques, jeux de lettres, sans oublier les pokers, etc.). Du coup, de nouveaux types de jeux plus originaux apparaissent sûrement, mais ils sont noyés au milieu de tous ces jeux sortis à grand renfort de pub et de marketing par des éditeurs spécialisés.

J'ai un peu arrêté de chercher ces oiseaux rares, je l'avoue, préférant me pencher sur des petits jeux indie pour PC, qu'on télécharge sur Steam. J'ai ainsi beaucoup apprécié Dungeons of Dredmor, un rogue-like version 2011, ou encore SpaceChem, une jolie prise de tête qui associe chimie et programmation (si, si). Pas de multi-joueurs dans tout ça, mais après tout, pas tellement moins que dans les jeux Facebook ! On peut comparer ses scores et ses badges avec ses amis sur Steam, d'ailleurs.

J'ai cependant continué à jouer à Cityville, ou démarré les Sims social à leur sortie, histoire de continuer à observer ce que font les majors. J'ai atteint de hauts niveaux dans ces jeux, et j'y suis assez "accro", tout en me posant régulièrement la question du "pourquoi" (à part l'aspect évident de procrastination, surtout que j'ai bénéficié en 2011 de pas mal de temps libre...).

Je continue à affirmer ce que j'ai dit l'année dernière : le gameplay de ces jeux est malheureusement négligé sur l'autel du profit basique, ce qui est bien dommage car le potentiel est là (je pense aux objets inutiles, ou au manque de challenge entre joueurs). Certains points se sont un peu améliorés : les déconnections sont mieux gérées, les messages un peu moins envahissants (ou bien je m'habitue ?) et mieux triés par Facebook (options pour se désabonner, messages privés intégrés aux jeux et non plus aux murs). Une des raisons pour lesquelles je continue à jouer est peut-être finalement de voir si cela va s'arranger, va décoller, comme une fascination morbide "Mais ils vont faire des trucs plus poussés un jour, non ?".

J'ai surtout réalisé récemment que finalement, ce sont comme des jeux de collection, de type album Panini, cartes Pokemon, ou même album de timbres, ou encore magnets Le Gaulois :-) (oui, on a la carte d'Europe complète sur notre frigo géant de famille nombreuse !). En effet, on y retrouve les points suivants :

  • Un nombre élevé d'objets (meubles et décorations dans les Sims, immeubles et boutiques dans Cityville) à amasser. Le web permet, de plus, d'en rajouter continuellement de nouveaux, ce qu'ils font avec frénésie.
  • Des valeurs associées à ces objets, qui peuvent être plus ou moins rares, voire en édition limitée (en ce moment, le nouvel an Chinois et ses bâtiments asiatiques !), gratuits ou payants, certains pouvant coûter assez cher (personnellement, je n'ai pas dépensé un centime, c'est mon challenge).
  • Des échanges avec d'autres personnes afin de compléter plus vite ses acquisitions, même si on n'échange pas directement des objets, mais des éléments permettant d'en obtenir.
  • Une mise en avant un peu créative de sa collection : on se contente rarement d'entasser des timbres dans une enveloppe, ou des coquillages dans un carton. Non, on les met en ordre, on les classe, on les arrange d'une façon esthétique, on les met en valeur, voire on les expose. C'est pareil pour ces jeux Facebook où vous avez la possibilité de construire (et reconstruire sans arrêt) votre maison ou votre ville. Sans que cela n'ait aucune valeur au niveau du gameplay : c'est purement cosmétique. 
  • Une utilisation limitée mais possible des objets. De même qu'on peut timbrer un courrier, écrire des mots en lettres-magnets, faire des combats de cartes pokemon ou coller ses images adhésives (en double) sur ses cahiers, les objets Sims ou Cityville peuvent avoir un rôle bis permettant de qualifier de "jeu" cette application de collection. Finalement, c'est en fait sous ce déguisement de jeu de farming ou de construction qu'ils se présentent ! Alors que tout le monde reconnaît que leur gameplay est très faible.
Franchement, pour moi, ça a été une révélation. Oui, il m'en faut sans doute peu ;-) mais j'ai enfin compris ce que je trouvais dans ces jeux, et ce que des millions de joueurs y trouvent. Ou du moins, j'ai trouvé une analogie qui me paraît pertinente, car après, il faudrait se pencher sur les motivations qui poussent les gens à collectionner des choses, certes. Mais au moins, c'est une référence intemporelle, qui montre qu'au final les social games n'ont rien inventé !

J'ai tweeté un bref message (forcément, en 140 caractères) sur ce sujet. @BerenicePaquier m'a alors répondu qu'il existait de vrais albums d'images sur Facebook. Par exemple : Is cool (que sa boîte a créé) ou Les monsteurs. J'ai été voir, et en effet, ces "jeux"-là ne s'embarrassent pas de pseudo-gameplay : c'est du pur jeu de collection façon Panini.