Le jeu, acte inutile et enfantin ?
Posté le mercredi 24 septembre 2008 par Oelita, rubrique Joueurs
Quand j'annonce à des gens, dans la "vraie vie", que je m'occupe d'un site sur les jeux en ligne, j'ai souvent droit à des regards interloqués et des remarques. Surtout que pour les gens, dans la vraie vie, je suis une mère de famille (nombreuse), une ingénieure confirmée, et j'ai 40 ans passés. Pas le genre "adulescent" a priori.
Ces personnes commencent alors, le plus souvent, à m'expliquer qu'ils ne jouent pas, et qu'ils n'aiment pas le jeu. A la rigueur un monopoly ou un uno avec les enfants pour leur faire plaisir. Parce que voila, le jeu, c'est pour les enfants, les ados, et c'est tout. Car ça ne sert à rien, et puis ensuite ce n'est même pas marrant. On est devenu mature et sérieux, madame. Pas le genre à jouer ! De toutes façons, on n'a pas le temps...
Je trouve ça bien triste.
Parfois, je me dis que je ne dois pas être normale, aussi.
Et je suis tombée sur une série d'articles, sur un site dédié aux jeux videos Oldies. Même si je n'ai pas de goût spécial pour les Oldies (hormis un peu de nostalgie, comme tout le monde), j'ai beaucoup aimé cet article : De la culpabilité de jouer après 25 ans. En voici quelques extraits :
Oui, jouer aux jeux vidéo ne sert A RIEN à part se détendre et se divertir. Et alors ? Lire un roman non plus. Regarder un film non plus. Tout au plus, un livre ou un film peut provoquer une prise de conscience qui durera une semaine dans la majorité des cas.
Dans un monde formaté où il faut être de plus en plus efficace et performant, jouer apparaît comme un acte inutile et gratuit
Un acte inutile et gratuit. Oui, voila, c'est comme ça que les autres semblent le voir, sans pour autant faire le parallèle avec d'autres loisirs, car en prime, le jeu est rattaché à l'enfance, donc indigne d'un adulte.
D'un autre côté, quand on se borne à restreindre le jeu de société au monopoly, c'est clair que l'intérêt reste faible ! On assimile donc souvent le jeu à du hasard, et non à de la stratégie. Mais si vous tentez de convaincre des adultes d'essayer un jeu plus tactique, il y a des chances qu'on vous réponde que c'est trop compliqué. Ca peut passer si les règles peuvent être expliquées en moins de 10 minutes chrono. Donc on rejette les jeux trop simples parce qu'ils ne sont pas intéressants, et les autres jeux sont trop élaborés ! Effectivement, du coup, on ne joue pas du tout.
C'est un peu la même chose sur les jeux en ligne alternatifs. D'un côté, il y a les jeux d'élévage ou les jeux d'action, trop simples, trop répétitifs. De l'autre, des jeux à qui on reproche de prendre trop de temps.
Sur un blog de maman, je suis ensuite tombée sur ce billet : J'aime pas jouer. Finalement, la majorité des gens n'aimeraient pas jouer... parce qu'ils n'aiment pas perdre. Hmmm, il doit aussi y avoir de ça, en effet.
Je voulais en venir où... ? je ne sais pas. Ce sont juste quelques réflexions en passant :-) . C'est la rentrée, c'est pas facile tous les jours !
NB : si vous êtes comme moi fan de la saga des Heroes of Might and Magic, ne manquez pas ce très joli dossier !
Analyse relativement lucide même si j'ai apparemment la chance d'avoir dans mon entourage des 40+ non joueurs que j'arrive à convertir et qui ne considèrent pas le jeu comme une perte de temps.
Non Oelita, tu n'es pas seule :-)
Mais il faut peut-être admettre qu'il y a peut-être plus de gens blasés, qui estiment que "faire sérieux" équivaut à "avoir l'air triste et ch***ts" que d'individus qui savent que le loisir, le bien être est LA finalité du travail.
M'enfin, il semble que dans notre société qui est en train de se casser gueule magistralement, le travail, pour l'argent qu'il est censé générer, est l'unique but d'une vie... Alors le jeu "gratuit' et "inutile" (improductif ?)...
Dans le même genre, combien se sont fait allumer par des amis ou la famille pour ce fichu temps passé devant l'ordinateur à jouer ou sur la table du séjour à jouer à un "plateau" "alors qu'il fait si beau et que moi je vais faire la crèpe sur le sable et me préparer un bon cancer de la peau" ? :-)
L'oisiveté a ses raisons que la raison ....
Mais il y a peut-être des gens qui n'aiment vraiment pas jouer :-D
Le réflexe le plus facile reste : "C'est pour les gosses, donc c'est normal que je n'aime pas." Puis quand on leur présente des jeux plus complexes : "C'est long et prise de tête, comment peut-on apprécier ça ?". Peut-être faut-il trouver tout simplement LE jeu qui leur plaira pour qu'ils s'adonnent à des activités ludiques. Tout en sachant qu'il n'y aura peut-être aucun jeu qui leur plaira.
Sinon, j'ai plus souvent entendu des reproches du genre : "Tu passes trop de temps sur ton ordi. En plus, Internet c'est virtuel, donc ça n'existe pas , donc ça ne sert à rien. Travaille plutôt pour trouver un meilleur boulot (et si je n'ai pas envie moi XD), gagner plus d'argent (dont je n'aurai pas besoin puisque je passe tout mon temps devant mon ordi ^^), faire du jardinage (dans un appart de 28m2 en pleine ville, la moquette ne va pas aimer XD)...". Par contre, je peux encore recevoir des jeux vidéo à Noël sans choquer personne. Mais je n'ai pas encore essayé pour les animes japonais :-)
Manger bio, rapidement, édulcoré ou trop salé, faux sucre et vrai colorant pour redonner un peu de goût.
Ne pas jouer, mais faire ses comptes, régler les factures et prévoir si l'on finira l'année.
Changer de papier peint, acheter une télé plus grande que notre voisin et un lave vaisselle qui fait le café aussi, et quel café ? Fort, légé ? La capsule bleu, noire, dorée ?! Pour moi, c'est rouge foncé, décaféïné.
Ha zut, une grêve.
A bientôt 40 balais, je le dit haut et fort : j'aime jouer ! A toutes sortes de jeux. Pour petits et grands. J'adore aller chez Toy's regarder les jouets. J'adore en acheter à mon fiston et jouer avec lui. J'ai eu un circuit de voitures pour mes 30 ans je crois. J'en suis fier. Ca met du baume au coeur. Et j'ai les yeux qui pétillent à chaque fois, comme un gosse que je ne suis plus.
Mais je paye mes impôts (j'ai la chance d'en payer), je fais réparer ma voiture et je me prive un peu car il faut changer les fenêtres.
Vivre à 100 à l'heure et oublier de vivre. Mais arriver à la fin, ne vous retournez pas en regrettant.
Alors, comme on ne connaît pas notre heure, autant en profiter dès aujourd'hui et ne pas prêter attention à ceux qui se retourneront une dernière fois... mais trop tard.
Juste une réflexion, jouer n'est pas inutile. Jouer permet des centaines de choses, notamment procurer du plaisir / de la joie, destressé, développer son imaginaire et sa créativité, etc.
Jouer n'est pas inutile, c'est juste improductif au niveau matériel.
C'est pour cela que les gens le dévalorisent au rang de l'enfance (l'enfance c'est l'apprentissage, il n'y a aucune production matériel) ou de la perte de temps.
Vive la société de consommation productiviste ;)
Vous avez raison, c'est sûrement lié à la société de consommation. Et oui, tout ce temps sur l'ordi, ce n'est pas clair non plus :-)
(Heureusement, je jardine, aussi :D )
Cette image négative de l'improductif, oui. Et ça n'a pas même pas le justificatif de la santé. Parce que le sport aussi, c'est improductif, mais c'est bon pour la santé et le moral, on sort plein d'études sur le sujet, il paraît. Qui va nous sortir une étude sur les bienfaits du jeu pour la santé, allez ? Il y en a déjà eu sur le jeu vidéo et les apprentissages des enfants, mais pour les adultes, alors ?
Je rejoins l'avis de Dalais. On m'a trop souvent répété que je ne produisais que du vent lorsque je passais mon temps sur un jeu que j'ai finalement presque été convaincu ! Mais c'est loupé ! L'addiction au jeu ne se soigne pas à coup de bâton et d'interdictions.
D'après les anciens, les adultes sont de plus en plus nombreux à régresser dans le monde des jeux ! Moi je dis évolution et non régression. Mais il est temps pour vous les trentenaires et plus, d'affirmer cette vérité qui dérange : vous êtes chaque jour de plus en plus d'adultes à jouer ! Certaines ludothèques ont déjà senti le filon et je ne vous parle pas des commerciaux ! Vous êtes devenus des clients très intéressants ! Faites le savoir aux autres. Assumez votre penchant pour les jeux. Les jeux ont évolué et certains ne savent pas encore, que beaucoup d'entre eux sont plus complexes que les légo ! A noter que l'on distribue encore les légos à des cadres d'entreprises pour leur permettre de construire des partenariats !
Quel bonheur de pouvoir conserver son âme d'enfant ! Quel malheur de voir son grand père refuser de jouer avec son petit fils ! Le jeu est un bon moyen de dépasser les différences d'âge.
Nous jouons certainement moins lorsque nous grandissons car nous avons d'autres responsabilités, occupations etc. Néanmoins cela ne doit pas dire que nous devons supprimer le jeu de notre mode de vie. Il y a toujours plusieurs moyen de se distraire. Certains y parviennent en regardant la starac moi je n'y arrive pas je préfère inventer un univers, dessiner, sortir voir des amis et jouer avec eux ! Le jeu c'est un moment de partage et c'est bien plus sympa que le repas familial avec la télé allumée !
Je garderais mon âme d'enfant et je jouerais toute ma vie d'une façon ou d'une autre !
Mon avis a déjà été formulé par d'autres un peu plus haut, alors je ne reviens pas dessus, mais je donne quand même une petite impression :
J'ai l'impression que cette vision du jeu s'atténue de plus en plus, avec la DS les seniors sont eux aussi ciblés (on en parlait ici même : www.tourdejeu.net/blog/in... . Quand je vais dans ma boutique de jeux de sociétés favorie, je croise de plus en plus de plus de 30 ans qui ne sont pas là pour acheter un cadeau pour les enfants, mais pour se faire plaisir à eux. Et j'entends aussi de temps en temps au tour de moi (et je suis le premier à le dire) "vivement que j'aie un fils, qu'on joue aux Legos"
C'est peut-être complètement faux et ça ne reflète peut-être qu'une tendance dans mon environnement proche, mais c'est l'impression que j'ai depuis quelques années.
Je souris quand je lis mes camarades parler des "trentenaires". En fait, sachez chères "têtes blondes" ;-), que vous voyez plus de différences entre "vous" et les "vieux" qu'eux ne le ressentent :-).
Si je me sens en décalage générationnel avec les jeunes ados d'une quinzaine d'années, si je ne comprends pas la culture "SMS" et compagnie, je ne me sens pas différents de ceux qui dépassent à peine la vingtaine :-).
On est d'accord Kalan l'âge n'est qu'une question de volonté et de médicament et disons que pour moi le jeu me permet de vraiment oublier cette différence. Après il y a des jeunes qui sont très vieux dans leur tête et vice et versa. C'est une question d'approche. Mais bon le fait est que je suis presque certain que mon approche vers les jeux est bien plus simple, sans gène à 21 ans, bien plus à 15 qu'elle ne l'est à 30 voire 45 ans. Après 60 ans ont dit que l'on retombe en enfance alors ça ne compte plus. ^^ La barrière existe et je ne suis pas tout seul à la créer ! Alors bougez vous les jeunes de 20 ans à faire accepter aux adultes leurs penchants pour les jeux sans honte ni aucune gène de quelque sorte. L'avenir nous appartiens ! Continuons de sourire, ça ride moins qu'une grimace.
J'aimerais rajouter certains points non évoqués ou vite survolés.
Il y a aussi à noter toute une catégorie de joueurs, généralement entre 30 et 50 ans, qui ont connu les débuts de l'informatique-"jeu", des premières vagues de jeux de rôles, etc.. et qui ont dû abandonner cette passion pour se mettre à la "vie réelle", qui jusqu'à très récemment ne permettait pas du tout de rester dans cette branche.
Ceux là (j'en croise des tonnes) ont les fesses entre deux chaises : ils adorent le jeu, mais ont honte d'y jouer ou refusent de lui donner son crédit, car ça n'a pas payé pour eux, et ils gardent ce souvenir cuisant du rituel symbolique de passage à la maturité qui consistait à lâcher son amstrad ou sa feuille de perso pour aller chercher un job.
Ceux la soutiennent les jeux, et condamnent les créateurs comme "peu sérieux", dans une curieuse dichotomie.
Il y a aussi une parfaite ignorance du marché actuel, qui désormais compte le jeu comme puissance motrice mondiale.
Rien que sur le pallier d'à côté, on a l'exemple de la fnac (sous-entendu par Merzlinn je crois ?), qui réussit, et pas qu'un peu, là où les librairies, les magasins d'informatique et les magasins de vente/locations de vidéos continuent de se crasher joyeusement et de rester du business de toute petite échelle.
Qu'est ce que la fnac a de plus ? Les jeux vidéos, en bonne partie.
Qui inonde le marché et tire sa bille d'un monde en recul économique ? Le japon et la corée, entre autres, ne comptent pas pour du beurre. Raison ? Les jeux.
Faites un sondage : même parmi les moins joueurs (j'ai habité une campagne rurale française profonde de chez profonde pendant cinq ans, avec un téléphone pour tout le village et pas d'eau courante), world of warcraft est "connu", au même titre de "mythe du monde morderne" que la fin du minitel et l'avènement d'internet (oui oui, y'en a beaucoup pour qui c'est encore le futur, tout ça, laissez leur le temps d'arriver, s'il vous plait ^^)
Niveau jeu de plateau, ça n'a jamais marché aussi fort en France que depuis l'adaptation de "qui veut gagner des millions ?" ou autre navets télévisuels à l'échelle du jeu de famille, mettant le monopoly aux oubliettes et alignant les billets de banque pour les sociétés de productions.
Et pourtant, effectivement, le jeu est encore un truc considéré comme puéril et peu sérieux. Ca brasse des dizaines de milliards, mais même moi, personnellement créateur de jeux comme quelques uns ici, je n'arrive pas à considérer ça comme un travail honnête et digne de ce nom tous les jours ^^
En france, je crois qu'un transfuge d'ubisoft, si je ne me trompe pas, vient à grand peine de réussir à faire ouvrir une section d'infographie basée sur le jeu vidéo, dans une université, pour une trentaine d'inscrits maximum, et à l'essai. C'est une première, il parait.
Drôle de monde, quand même, où l'on fait des milliards de bénéfice et des millions d'emplois sur un truc que peu arrive à considérer comme réellement sérieux ^^ (et perso, ma génération de jeunes de 18/25 ans, on y croit pas plus que la génération de 40/50 ans, le travail de mentalité n'a pas avancé d'un poil, je peux vous le dire !)
(Note : mes propos n'engagent évidemment que moi et ce que je crois savoir du sujet ^^)